Histoire de l'église Saint-Vincent
Jusqu’en 1559, la paroisse faisait partie du doyenné de Gembloux et du diocèse de Liège. Après la création des nouveaux évêchés dans les Pays Bas Espagnols en 1559 par le Pape Paul VI, elle fut rattachée en 1639 au doyenné de Wavre, dans le diocèse de Namur.
A la suite du concordat de 1801, l’église de Nil St Vincent devint une succursale du doyenné de Perwez, dans le diocèse de Malines. En 1873, elle fut rattachée au doyenné nouvellement créé de Walhain.
L’église précédente, bâtie en 1541 durant le pastorat du curé Maître François Rauwelet, en souvenir des curés précédents, Messire Aubier (ou Abiet) de Glatingine et Bernard de Batty, était un édifice moins important que l’église actuelle, les habitants étant de 200 à l’époque. Elle ne comportait qu’une seule nef avec deux chapelles latérales, l’une consacrée à la Ste Vierge (côté de Burlet), l’autre consacrée à Saint Jean Baptiste (côté place St Vincent) touchant à une tourelle ou montée de la tour. L’église avait en effet une tour abritant trois cloches. Elle était probablement en pierres grises.
De l’ancienne église il reste entre autre une pierre sculptée encastrée dans la paroi extérieure du chœur de l’église actuelle. On y voit un Christ en croix entouré de deux inscriptions : O bone Jesu, o pie Jesu, surmontant deux curés en habit d’apparat, chacun entouré d’une banderolle, l’une avec l’inscription Messire Abiet de Glatingine, l’autre Messire Bernard de Batty, nos fecit fieri 1541.
Le 22 avril 1705, disent Tarlier et Wauters, un accord fut conclu entre la boursière de l’abbaye des moniales cisterciennes établies à Salzinnes (abbaye qui bénéficiait de la dîme de Nil St Vincent et dont dépendait la collation de la cure depuis 1205 par don du seigneur Henri de Niel) et le curé de Nil de l’époque, Henri Jamin. Le curé s’engagea moyennant 60 patacons à faire construire un nouveau portail et une nouvelle porte sous la tour, une plus grande sacristie, une chapelle des fonts baptismaux contiguë à la chapelle St Jean Baptiste qui touchait à la tourelle, et s’engageait en outre à la réparation des murailles à savoir le plâtrage et la couverture de la tourette.
En 1736, le curé Jean François Stevenaert fit « à ses risques et périls » voûter et plâtrer l’église.
En 1760, le même curé Stevenaert, avec son mambour de l’église fit connaître à la Rde Abbesse décimatrice de Salzinnes que l’église , dont l’entretien des chapelles était négligé par les recteurs des bénéfices y attachés, était devenue trop petite pour la communauté (la population étant alors montée à 452 habitants). Pressée de l’agrandir ou d’en faire bâtir une neuve, l’Abbesse fit connaître par son envoyé qu’elle prendrait à l’avenir les deux chapelles à sa charge. Son ardoisier raccommoda en effet les toits des dites chapelles quand il a raccommodé le toit de la nef.
Vingt ans plus tard, en 1783, l’Abbesse, Eugénie de Vigneron, des Cisterciennes du Val St Georges à Salzinnes, pressée par la dite communauté et par le curé Nicolas Mallue, fit construire la nouvelle église. Le blason de cette Abbesse et un chronogramme donnant la date de la construction de l’église sont gravés dans la pierre votive qui surmonte le portail de l’église : « abbatIssa De VIgnron CULtUI DIVIno aeDIFICaVIt » qui donne la date de 1783.
Le Conseil de Fabrique et toute la paroisse demandaient que la nouvelle église soit construite au centre de la paroisse. Mais l’Abbesse la voulait sur les propriétés de l’abbaye, sur l’emplacement de l’ancienne, proche de leur ferme (actuellement propriété de Burlet) et du presbytère sous peine de ne pas participer à la dépense. C’est ainsi que l’église se trouve à l’extrémité de la paroisse St Vincent.
L’église est un bel édifice de style renaissance dont tout le soubassement est revêtu de pierres grises. A l’intérieur elle est disposée en basilique à abside circulaire et compte deux rangées de colonnes toscanes qui la divisent en trois nefs.
Elle est entièrement boisée de chêne et possède un beau maître autel et deux autels latéraux, ainsi que quatre beaux confessionnaux de styles Louis XVI, œuvre de Joseph Delpierre, maître menuisier à Bonlez à qui on paya 238 florins en 1787. Les fonts baptismaux de forme commune ont la cuve décorée de quatre têtes saillantes, à l’imitation des fonts de l’époque romane. On remarque dans le chœur deux beaux grands chandeliers de cuivre de 2,20 mètres de hauteur, portant cette inscription : I. zualart, escuyer, … 1648.
Le chœur renferme six stalles provenant d’une abbaye. Les vitraux du chœur représentent l’un l’ascension de N.S.J.Christ, l’autre l’assomption de la Ste Vierge, œuvre du verrier De Poorter. Les deux autres vitraux représentent l’un le diacre St Vincent patron de l’église, l’autre St Hubert dont il y avait une confrérie paroissiale florissante.
La chaire de vérité est de 1838. Elle était autrefois attachée à la première colonne et fut reculée à la troisième lors des travaux de rénovation du chœur en 2005.
On voit aussi au dessus de la porte qui mène au jubé une peinture représentant Ste Cécile, œuvre du peintre Louis Heyndrickx (Anvers 1827-1888) à qui on paya en 1856 la somme de 1.200 francs. Au dessus de la porte des fonts baptismaux se trouve une autre peinture représentant le baptême de Notre Seigneur par Jean Baptiste. La porte du jubé est surmontée d’un médaillon sculpté représentant David jouant de la harpe, la porte des fonts baptismaux est surmontée d’un autre médaillon représentant St Jean Baptiste tenant la croix.
L’église possède aussi une clochette décorée de bas-reliefs portant ces mots : Anno Dni MDXLIX me fecit fieri iasques Polulal.
L’orgue date de 1870, œuvre du facteur d’orgues Anneesens de Grammont acheté au prix de 7.000 francs. Le jubé date de 1868.
Au temps du curé Lambert (curé de 1920 à 1947) le pavement de l’église a été renouvelé par des dalles en pierre bleue et une allée centrale a été tracée dans un autre coloris pour mieux la faire ressortir.
Avant le renouvellement du toit et la complète restauration de l’église vers 1960 au temps du curé Huynen (curé de 1953 à 1965), le plafond de la nef centrale était en forme de berceau renversé, les murs étaient peints en forme de pierres blanches, le dessous des arcs entre les colonnes étaient peints de motifs entrelacés bleus et rouge, les autels étaient peints en blanc et les moulures dorées. Lors de la restauration le plafond de la nef centrale est devenu un plafond plat soutenu par de gros madriers de chêne, les autels qui étaient surmontés de demi couronnes ou de rayons pour le maître-autel ont été décapités, de même que les confessionnaux surmontés de guirlandes et de médaillons sculptés en bois, les statues fixées aux colonnes furent enlevées, enlevé aussi les tableaux du chemin de croix. La transformation était discutable, mais le dépouillement était un peu à la mode à cette époque proche du Concile Vatican II, et il faut le reconnaître le résultat final n’est pas mauvais.
Fin novembre 1966, sous le pastorat d’Henri Paesmans, un chauffage au mazout par air pulsé était placé. Six ans plus tard comme les plombs de tous les vitraux des nefs étaient consommés, onze nouveaux vitraux ont été placés de 1972 à 1974 grâce à l’aide de bénévoles tant pour leur confection que pour leur placement. Et en 1974-1975, grâce à l’aide de généreux donateurs l’église a été repeinte et de beaux tapis verts ont été placés sur les marches du grand autel.
Depuis, Prosper Kanyamuhanda étant curé, d’autres transformations ont été apportées qu’on peut voir aujourd’hui.